1997, une cour d’école encore vide. Il est 10h et c’est bientôt l’heure de la récré. Bientôt les enfants vont faire leur apparition. Le premier d’entre eux à mettre le pied dans la cour poussera le cri universel du « premier à être entré dans la cour » et vérifiera encore ce théorème inexpliqué. Pourquoi en entrant dans une cour, les enfants se sentent-ils obliger de hurler ?
Maintenant c’est toute une horde de mômes braillards qui ont envahies les lieux. Le nombre de morve au nez doit être égal au nombre de dollars planqués dans une banque au Liechtenstein. Dans le fond de la cour, trois gamins se cachent à l’abri des regards indiscrets. Ils récitent quelque chose. Une poésie à apprendre pour le cours suivant ? Demain dès l’aube de Victor Hugo peut-être ? Non, ils chantent Vanessa ou Nirvana de Doc Gynéco. Ils ne comprennent pas un traître mot de ce qu’ils sont en train de chanter mais ils le font avec passion. Jusqu'à ce qu’un professeur passe par là et les remette en place rapidement… Sans qu’ils ne comprennent pourquoi.
Ce souvenir autobiographique poignant pourrait faire bondir un membre de l’Académie française. Ah la décrépitude intellectuelle des jeunes Français qui font passer Doc Gynéco devant Victor Hugo ! Pour moi, c’est surtout le souvenir d’une méchante remontrance et un de mes souvenirs hip-hop les plus lointains. Et c’est en repensant à ce souvenir que je me suis rendu compte de l’impact de Doc Gynéco à l’époque. Nous n’étions que des gamins et pourtant… C’est ce qui m’a décidé à replonger dans “Première Consultation” que je n’avais finalement jamais vraiment écouté.
Autant le dire tout de suite, cet album m’a mis une claque. J’avais beau connaître la moitié des titres, j’ai été surpris par l’homogénéité de l’album. Cet album respire la côte ouest californienne comme c’est pas permis. Claviers, grosses basses comme pourrait les sortir le maître de Long Beach. Plutôt rafraîchissant quand la majorité des rappeurs de l’époque puisaient leur inspiration dans la scène New Yorkaise.
C’est à la fin de l’album (le morceau plutôt raté “Papa was a rollin’ stone”) que le parallèle avec Snoop Dogg s’est imposé à moi comme une évidence. Le même flow traînant et cette faculté à chanter font du Doc une sorte de double français du chien fou. A l’instar de celui-ci, Gynéco ne brille pas par la qualité de ces textes. Ces sujets de prédilection se bornent à la rue, au sexe et encore au sexe. Surprise pour moi, Gynéco s’avère également être un vrai fan de foot avec des références tout au long de l’album et ce, surtout dans le célèbre Passement de Jambe. Ce qu’il y a de plus étonnant là-dedans finalement, c’est que l’album dans son entier, laisse entrevoir ce que deviendra Gynéco une décennie plus tard.
Dans “Classer-le dans la variet”, Gynéco prend déjà ces distances avec le mouvement hip hop. Dans “Si tu crois que je pèze” on le sent plutôt lucide quant à ces rapports au show biz et sa chute prochaine. L’illustration de son désir d’autodestruction et son sentiment de perdition ne sont plus à démontrer. “Nirvana” et “Née ici” sont devenus des hymnes pour toute une génération… 10 ans après, Gynéco est la risée de la France entière, qui le voit désormais comme une loque sur patte. Récupéré par Sarkozy, ce qui l’a définitivement coupé du fan de rap landa, il ne semble plus être qu’un sujet de moquerie.
Loin de moi l’idée de défendre le Gynéco d’aujourd’hui mais de défendre celui d’hier qui été un véritable artiste. Un artiste qui avait parfaitement su se démarquer malgré les critiques ; un artiste au bord du ridicule est qui a fini par y sombrer ; Une Cassandre qui avait prédit sa chute prochaine mais qui a voulu le faire d’une manière magnifique : Finalement, on peut se dire qu’elle y est parvenue.
Zayyad
Maintenant c’est toute une horde de mômes braillards qui ont envahies les lieux. Le nombre de morve au nez doit être égal au nombre de dollars planqués dans une banque au Liechtenstein. Dans le fond de la cour, trois gamins se cachent à l’abri des regards indiscrets. Ils récitent quelque chose. Une poésie à apprendre pour le cours suivant ? Demain dès l’aube de Victor Hugo peut-être ? Non, ils chantent Vanessa ou Nirvana de Doc Gynéco. Ils ne comprennent pas un traître mot de ce qu’ils sont en train de chanter mais ils le font avec passion. Jusqu'à ce qu’un professeur passe par là et les remette en place rapidement… Sans qu’ils ne comprennent pourquoi.
Ce souvenir autobiographique poignant pourrait faire bondir un membre de l’Académie française. Ah la décrépitude intellectuelle des jeunes Français qui font passer Doc Gynéco devant Victor Hugo ! Pour moi, c’est surtout le souvenir d’une méchante remontrance et un de mes souvenirs hip-hop les plus lointains. Et c’est en repensant à ce souvenir que je me suis rendu compte de l’impact de Doc Gynéco à l’époque. Nous n’étions que des gamins et pourtant… C’est ce qui m’a décidé à replonger dans “Première Consultation” que je n’avais finalement jamais vraiment écouté.
Autant le dire tout de suite, cet album m’a mis une claque. J’avais beau connaître la moitié des titres, j’ai été surpris par l’homogénéité de l’album. Cet album respire la côte ouest californienne comme c’est pas permis. Claviers, grosses basses comme pourrait les sortir le maître de Long Beach. Plutôt rafraîchissant quand la majorité des rappeurs de l’époque puisaient leur inspiration dans la scène New Yorkaise.
C’est à la fin de l’album (le morceau plutôt raté “Papa was a rollin’ stone”) que le parallèle avec Snoop Dogg s’est imposé à moi comme une évidence. Le même flow traînant et cette faculté à chanter font du Doc une sorte de double français du chien fou. A l’instar de celui-ci, Gynéco ne brille pas par la qualité de ces textes. Ces sujets de prédilection se bornent à la rue, au sexe et encore au sexe. Surprise pour moi, Gynéco s’avère également être un vrai fan de foot avec des références tout au long de l’album et ce, surtout dans le célèbre Passement de Jambe. Ce qu’il y a de plus étonnant là-dedans finalement, c’est que l’album dans son entier, laisse entrevoir ce que deviendra Gynéco une décennie plus tard.
Dans “Classer-le dans la variet”, Gynéco prend déjà ces distances avec le mouvement hip hop. Dans “Si tu crois que je pèze” on le sent plutôt lucide quant à ces rapports au show biz et sa chute prochaine. L’illustration de son désir d’autodestruction et son sentiment de perdition ne sont plus à démontrer. “Nirvana” et “Née ici” sont devenus des hymnes pour toute une génération… 10 ans après, Gynéco est la risée de la France entière, qui le voit désormais comme une loque sur patte. Récupéré par Sarkozy, ce qui l’a définitivement coupé du fan de rap landa, il ne semble plus être qu’un sujet de moquerie.
Loin de moi l’idée de défendre le Gynéco d’aujourd’hui mais de défendre celui d’hier qui été un véritable artiste. Un artiste qui avait parfaitement su se démarquer malgré les critiques ; un artiste au bord du ridicule est qui a fini par y sombrer ; Une Cassandre qui avait prédit sa chute prochaine mais qui a voulu le faire d’une manière magnifique : Finalement, on peut se dire qu’elle y est parvenue.
Zayyad