mercredi 17 octobre 2012

Jazz Against The Machine : Black Bossa EP




Le renouvellement d'un genre aussi poussiéreux que le Jazz est un processus laborieux. Déchirée entre l'attachement à une tradition dont personne ne connaît vraiment la définition ( Be-Bop, Cool, New-Orleans ?) et une étiquette de musique savante, le Jazz ne parvient que trop rarement à se défaire de ce pénible carcan. Il y'a bien Norah Jones me rétorquera t-on d'un air satisfait ...

Trop peu pour rendre véritablement accessible une musique presque centenaire. La question reste donc toujours la même pour cette nouvelle génération de musicien de Jazz qui se bat pour gagner en visibilité. Rester dans la droite ligne des monstres sacrés d'antan ou tenter d'évoluer avec leur temps. Drôle d'exercice de funambule auquel s'ont obligé de s'adonner les grands noms du Jazz actuel.
On ne présente plus les Roy Hargrove et autre Robert Glaspert qui ont vu dans les musiques actuelles et notamment le Hip Hop une possibilité  d'exercer leur talent tout en démocratisant un peu plus la cause du Jazz. Avec un succès tout relatif...

En effet, la "démocratisation artistique" (terme casse gueule) est un art périlleux dans lequel personne ne sort vraiment indemne. Si Robert Glaspert est actuellement élevé au rang de star montante du Jazz, un artiste comme Kenny G est littéralement descendu en flamme par la communauté Jazz notamment par ces critiques. Jazz Against The Machine pourrait pourtant faire l'unanimité.

Comme de multiples projet actuel visant à vendre la Jazzophilie, JATM tente d'accrocher un public étranger au Jazz en s'emparant de références différentes... A l'instar d'un Badbadnotgood qui reprenait intelligemment un Kayne West, JATM se lance lui aussi à la poursuite de la coolitude. Cela se ressent au niveaux des reprises en commençant par les plus célèbres d'entre eux Radiohead et Rage Against The Machine (cela ne s'invente pas).

Si cela fonctionne, c'est tout d'abord parce que ces groupes sont relativement jeunes. Ces musiciens ont naturellement été bercé dans le grand fatras des musiques urbaines. C'est pourquoi la critique les regarde avec une certaine complaisance. Ces jeunes artistes bénéficient également de leur volonté de désacraliser le Jazz. Le fait de le mêler à une autre musique lui fait perdre un peu de sa pureté et de sa superbe mais on pardonne tout à des jeunes cons ambitieux... Plus qu'a des vieux cons prétentieux apparamment



In fine, on est tenté de dire que cela fonctionne. L'EP sorti par le groupe est une excellente introduction à un Jazz léger qui n'entre pas dans l'étiquette un peu fourre-tout du " Nu- Jazz".  De l'introduction proche des standards d'un Hip Hop jazz portée par les scratchs d'un DJ Mahmut au sommet de son turntablism à la reprise de Radiohead qui se rapproche davantage d'un be-bop audacieux, cette album tient donc toutes ces promesses. Et par les temps qui courent, c'est plus qu'appréciable.


Ann-Sé