samedi 18 juillet 2009

"RIP" Mickael Jackson

Chez Bordel Inc, on aime être chiant. C’est comme une seconde nature. On aime crier au loup alors qu’il n’y a pas matière. C’est viscéral. Le dernier exemple en date ? Le décès de Mickael Jackson.

Depuis le 25 Juin 2009, le monde pleure le King Of The Pop. Son apport à la musique est unanimement loué et ce jusque dans les médias qui ont contribué à le salir.
Les JT font leurs gros titres sur les circonstances de sa mort, les comptes Youtube fleurissent de vidéos hommages et l’écoute de musique sur Deezer et autres supports Internet explose…
Tout ceci est normal qui plus est pour une star mondiale comme Mickael Jackson. Néanmoins je ne peux pas m’empêcher de regarder cela avec un certain dédain.

Pour des pseudos fans de Mickael Jackson prompts à afficher un « RIP » et à se dire traumatisés par l’annonce de son décès, la connaissance du répertoire du défunt et de son œuvre est plutôt limitée. Mis à part quelques hits intemporels qui font de lui le plus grand vendeur de disques de l’histoire, qui peut se targuer dans notre génération « online » 87 d’avoir écouté un album entier de Mickael Jackson ? Qui peut expliquer à l’aide d’arguments musicaux tangibles pourquoi et en quoi il était un vrai génie ? Pas grand monde apparemment. Il s’avère que la plupart des membres de notre génération sont dans mon cas. Ils ont des souvenirs de Hits qui ont marqués leur jeunesse ou ont été pour certains éduqué musicalement grâce à sa musique mais ils n’ont aucune connaissance véritable de l’œuvre de l’artiste. A mon sens, une poignée de hits et de vidéos ne permettent pas et ne permettront jamais de rendre compte de la portée d’un artiste ou de comprendre son œuvre.

Alors pourquoi ce déluge d’émotion sirupeuse parfois proche du ridicule ?
On connait tous au moins une chanson du King of Pop. On a tous tenté un Moonwalk pourri dans le salon après avoir poussé les meubles. On s’est tous touché les testicules en poussant des cris efféminés. Il est donc normal de s’estimer touché par la mort de quelqu’un qui nous a inconsciemment marqué… De la à se dire abattu, traumatisé il y a un monde que seul les fans inconditionnels et les médias pouvaient franchir… Et ils ne se sont pas gênés.

Passons rapidement sur la place ENORME accordée à ce décès dans l’actualité. Tellement énorme que les médias eux même se sont rendu compte de la surexposition qu’ils offraient à cet événement.
Non le plus choquant finalement, c’est la masse d’information stérile dont on nous a abreuvés pendant une quinzaine de jour. Des documentaires insipides où l’on passait en boucle les mêmes vidéos, pour dire les mêmes banalités sur un personnage qui est tout sauf banal. Le matraquage de clips offert par nos magnifiques chaines du câble qui s’en donnaient à cœur joie.. Bref c’était la course au grand n’importe quoi. Pour réussir à capter des informations intéressantes pour les ignorants que nous sommes sur le sujet, il fallait donc soit être branché à sa télé et se taper les masses de docus inutiles en espérant tomber sur un truc captivant dans le lot ou avoir comme moi un maximum de chance.

En allumant la TV jeudi dernier, je suis tombé sur LE docu à mon sens traitant de l’évolution MUSICALE de Mickael Jackson. Sans rentrer dans les détails, on y apprend des choses très intéressantes sur MJ et sur Prince mais aussi sur toute une époque musicalement très riche. On y voit les stratégies complètement différentes de deux artistes phares d’une époque charnière. En effet c’est à cette époque que la musique devient une industrie avec ces codes et ces contraintes. Comment ces deux géants se sont adaptés à ce nouveau monde. C’est ce que cet excellent documentaire, Mister Jackson et Docteur Prince tente de montrer. Il est notamment appuyé par de nombreux témoignage qui rendent l’ensemble très vivant. Pour les intéressés, le documentaire a été diffusé sur Arte le Jeudi 9 Juillet. Il doit encore être en ligne sur le site Arte.

Pour clore ce billet et montrer qu’on est vraiment chiant et tatillon, citons un article de l’Express qui nous fait mentir et qui en même temps nous fait plaisir. Il montre que les gens ne sont pas dupes et continuent d’aimer vraiment la musique. Quelque part notre opinion s’en trouve confirmer !

« Trois semaines après sa mort, Michael Jackson reste en tête des ventes de disques aux Etats-Unis. Un million cent mille copies de ses albums se sont écoulées la semaine dernière et son "best off" intitulé "Number Ones" trône pour la troisième semaine consécutive au sommet des "charts", selon la compagnie Nielsen SoundScan ». (Reuters/Tobias Schwarz)


Zayyad

PS : Egalement pour ceux que ça intéresse de se plonger dans le son Mickael Jackson, une introduction plus qu’intéressante réalisé par une autre légende j’ai nommé Mr DJ Premier.
ca se passe ici : http://djpremierblog.blogspot.com/

jeudi 16 juillet 2009

Hadopi Selon les indés ..

Parcourant le net , je suis tombé sur le site wegofunnk.com sur une lettre ouverte rédigée par les acteurs indépendants du milieu de la musique sur la fameuse loi Hadopi.
Il est intéressant de lire l'avis d'acteurs du milieu d'autant que les acteurs en question représentent la partie la plus précaire et la plus innovante de la profession. J'attire juste votre attention sur le passage sur Deezer.....



Par Philippe Couderc, président de la Feppia (Fédération des producteurs et éditeurs indépendants d'Aquitaine, 22 labels adhérents) et Eric Petrotto, président de CD1D, fédération nationale de labels indépendants (100 labels adhérents – www.cd1d.com


Lettre ouverte à Mesdames et Messieurs les députés,

Alors que la loi « Création et Internet » revient au Parlement, nous, producteurs indépendants de musique, voulons vous interpeller en apportant un éclairage radicalement différent de celui généralement promu par les grandes compagnies du disque.

Les producteurs indépendants de musique (communément aussi appelé labels indépendants) sont aujourd’hui plus de 600 en France et cumulent plus de 3 000 productions par an. Ils sont très souvent de toutes petites structures (SARL, scoop, association) comportant de 0 à 5 salariés en moyenne. Pour paraphraser le Syndicat de l’artisanat, ils sont aujourd’hui la plus grande maison de disques de France, produisant 90% de création originale, soit généralement les première, seconde ou troisième œuvres d’artistes de tous horizons et de toutes esthétiques musicales. Très souvent hors des sentiers battus, ils représentent la véritable diversité culturelle que ce pays se flatte à raison de défendre. Sans eux, les Dominique A, Yann Tiersen, Ogres de Barback, High Tone... n’auraient jamais débuté (la liste pouvant être longue). Aujourd’hui, cette liberté de créer est menacée, car la majorité de ces structures indépendantes est au bord de l'asphyxie.

Les labels indépendants sont partagés quant à cette loi. Pourquoi ? Parce qu’au fond, si elle rappelle le droit inaliénable des ayant droits à être rémunérés, elle en oublie la réalité vécue par des milliers d’artistes et de producteurs, en même temps qu'elle pose de vraies questions sur les libertés individuelles.
Pour les acteurs indépendants, les conditions de travail n'ont jamais été faciles et idéales, crise ou non. Mais la dévalorisation constante de la musique orchestrée par les majors a rendu ces conditions difficilement tenables aujourd'hui. Dès 2006, la mort annoncée (pour 2010) du CD, par une presse n’écoutant que les poids lourds de l’industrie musicale, a précipité cette chute du marché et conforté un large public dans la totale dévalorisation du support. Non seulement il n’en est rien, mais encore aujourd’hui, le physique représente près de 90% des ressources des producteurs indépendants. Mais dans un pays qui a laissé détruire son réseau traditionnel de disquaires au profit de chaînes omnipotentes, ces ressources traditionnelles chutent désormais, sans que le numérique vienne à les compenser. Et il y a, malheureusement, fort à parier qu’il n’en sera jamais ainsi.

La politique de fuite en avant des majors a très largement contribué à la dévalorisation de la musique.
Par un discours inique contre le public, désigné comme voleur potentiel avant d'être amateur de musique, les majors ont radicalisé le phénomène, en développant en même temps une politique de prix cassé qui cherche à condamner le physique (moins rentable pour eux que le numérique). Après avoir bradé leur catalogue dans des offres parfois aberrantes (accès à l'ensemble d'un catalogue à volonté pour le détenteur de telle carte bancaire par exemple), les majors adoubent des sites de streaming tel Deezer.

Deezer est non seulement une escroquerie, mais surtout le dernier degré de la dévalorisation de la musique.


– Deezer a fondé son succès sur la gratuité totale d’écoute de musique piratée. Il est paradoxal que les majors du disque aient depuis tant d’années vilipendé les internautes pour adouber une société commerciale qui aujourd’hui encore propose du contenu piraté.

– Deezer n’est pas une radio. En effet, avec Deezer, vous choisissez d'écouter ce que vous voulez, quand vous voulez, autant de fois que vous voulez, là où vous le souhaitez. C’est une discothèque à distance écoutable depuis n’importe quel ordinateur ou téléphone mobile (type i-Phone). Contrairement à une radio qui diffuse un programme choisie par ses soins.

– La rémunération de Deezer aux producteurs est ridicule et inadmissible : 24 185 écoutes = 22,85 euros.

– Mais surtout Deezer avalise auprès du public l’idée que la valeur de la musique est égale à 0. Et c’est peut-être cela le plus grave, car rien ne le justifie.

– Si l’internaute grâce à Deezer peut se construire gratuitement sa propre discothèque consultable à volonté, pourquoi dès lors achèterait-il de la musique sur les sites de téléchargement légaux ?

– Enfin, on propage l’idée que Deezer favorise la découverte par l’internaute de nouveaux artistes. Il n’en est rien dans la grande majorité des cas. Aujourd’hui, les producteurs indépendants vendent toujours moins de disques et ne constatent pas une augmentation du public venant voir leurs artistes en concerts. Il y a bien d’autres moyens de découvrir de la musique via par exemple les réseaux sociaux type Myspace.

Avec Deezer, les majors du disque abattent la valeur de la musique au profit d'une rentabilité à court terme (combien Deezer a-t’il acheté sa « légalisation » par Universal ? Quel est la rémunération de Universal et quelle en est la répartition Universal / artiste Universal ? Les majors du disque construisent leur rentabilité de groupe puissant sur le dos des producteurs indépendants que nous sommes et dont ils font peu de cas.

A cela, nous devons remarquer qu’à aucun moment il n’est fait état de la responsabilité lourde que portent les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) dans la situation actuelle. Les FAI ont construit leurs réseaux, communiqué dans leurs campagnes publicitaires et acquis leur clientèle grâce à un contenu musical qui ne leur appartenait pas. Car à quoi bon souscrire du haut débit pour recevoir de simples courriels ? De télévision on ne parlait pas il y a encore quelques mois de cela, c’est donc bel et bien essentiellement la musique qui, avec le cinéma, a été le terreau du développement de l’internet commercial. Ces fournisseurs d’accès n’ont, à ce jour, jamais reversé le moindre centime à la musique. Au contraire, ce sont les chaînes de télévision publiques qui sont désormais en partie financées par une taxe versée par les FAI, par la grâce d'une décision politique.

Le débat doit aujourd’hui changer de nature et poser les vraies questions.

– assigner en justice de façon systématique (et collective) les sites faisant commerce de nos contenus en toute illégalité,

– créer une redevance prélevée sur le chiffre d'affaires des FAI destinée à la création,

– éliminer définitivement les problèmes d’interopérabilité matérielle et donner la libre utilisation des fichiers acquis légalement, dans la limite de son cercle d’amis,

– interpeller la Sacem sur la nécessité d'adapter son système de perception et de répartition aux nouveaux modèles technologiques,

– favoriser l’émergence de modèles économiques alternatifs aux grands conglomérats (qu’ils se définissent comme des majors ou des indépendants),

– réintroduire et développer le réseau de diffusion du disque physique, loin d’être mort, avec les disquaires ainsi que d'autres commerces de proximité tels les libraires, salles de concerts…

– lutter contre l'atrophie actuelle de l'offre physique dans les chaînes de magasins ; le disque est un objet culturel, pas un baril de lessive,

– intégrer plus largement les producteurs et labels indépendants dans toutes les discussions, réflexions et prise de décisions concernant la filière musique.

Il n’existe pas une solution miracle mais un ensemble d’actions concrètes à mettre en place qui puisse tout à la fois permettre tant aux internautes, qu’aux artistes et producteurs de redonner sa véritable place à la musique et sa pleine dimension artistique. Il est grand temps de s’y mettre, en laissant de côté ces combats stériles qui, on le voit bien, ne mènent décidément à rien. Car au rythme où vont les choses, il n’y aura dans quelques années que les majors du disque pour produire la musique et quelques sites adoubés par elles pour la distribuer. Il en sera alors fini des artisans de la musique que nous sommes, défricheurs depuis toujours d'une véritable diversité dans la création. Est-ce là le but recherché ?

De part l’urgence de leur situation, les producteurs indépendants que nous représentons par nos signatures, s’organisent enfin pour faire reconnaître et entendre leurs problématiques et leur importance primordiale dans la création. Nous sommes aujourd’hui prêts à prêter notre expertise et contribuer à construire enfin une vraie politique en faveur de la création, de la rémunération juste et équitable des artistes et producteurs, et d’un dialogue renforcé et constructif avec les internautes dont la grande majorité est toujours prêt à payer pour écouter de la musique. •



Les premiers labels signataires : 6AM / AILISSAM / ALBA CARMA / AMOR FATI / AZA ID / BANZAI LAB / BEE RDS / CLAPPING MUSIC / LA CHAUDIERE PRODUCTION / COLLECTIF CA-I / COMPOSIT MUSIC / CRASH DISQUES / CRISTAL MUSIQUE / CRYPTOHYTE / DAQUI / DIAMOND TRAXX / DA SKUD REKORDZ / FACTO RDS / ICI D'AILLEURS / IOT / IRFAN [LE LABEL] / JARRING EFFECTS / HORSNORMES ! / KIUI PROD / MARABI / MARV / MEDIATONE / MILLE MILLIARDS / NEURONEXXION / ODETTE PRODUCTIONS / PATCHWORK / PLATINUM RDS / PRIKOSNOVENIE / SO YOUZ / SYNCOPE / TALITRES / TER A TERRE / TROISQUATRE8 / VAÏ LA BOT / VICIOUS CIRCLE / VOLVOX MUSIC / ZONE FRANCHE ainsi que les fédérations CD1D et FEPPIA.