J'ai rarement autant supporté un artiste que Nasir Jones.
Cela peut paraître étrange de commencer ce billet ainsi, mais la justification paraît necessaire. Dans mon panthéon rapologique, Nas tient une place à part.
Tout comme Eve, même s'il est beaucoup plus classe de citer Nasir Jones.
Une place à part car le premier album officiel que j'ai acheté avec mon propre argent était un album de Nas. Mon premier concert était également un concert de Nas et c'est surement là que ma passion pour le Hip Hop a pris corps.
Depuis,j'ai aligné srupuleusement tous les albums du prodige de Queensbridge.
Oui, je suis un fan absolu de Nasir Jones. Ou plutôt était.
Depuis l'escrocerie sans noms que constituait Street Disciple, je n'ai plus écouté un album de Nas en intégralité.Exception faite pour Distant Relatives, son dernier opus. C'est d'ailleurs cet album qui est à la source de ce billet.
Non pas que cet album soit différent des précedents, bien au contraire.
Je suis juste fatigué d'avoir à expliquer que c'est parce que j'aime Nas que je ne peux plus écouter ces albums.
Paradoxale n'est ce pas ?
Reprenons.
Je considère que la plupart des gens font une erreur quand il s'agit d'analyser la carrière de Nas. On se focalise volontiers sur Illmatic, LE classique par excellence.
La quintescence du rap new yorkais période Golden Age.
Tous les meilleurs producteurs new yorkais de l'époque au sommet de leur art. DJ Premier, Large Pro, Q-Tip, Pete Rock offrent à Nas un écrin dans lequel il brille de mille feux.
Car le jeune Mc (20 piges à l'époque) est fichtrement doué et s'annonce comme le nouveau Rakim. Un flow précis, des lyrics dangereux qui tranchent avec ceux de la concurrence. Cet album s'approche de l'album parfait.
Seulement voilà c'est le premier album du jeune Nasir et comme en foot, le plus dur est de confirmer.
Se sera fait avec l'album suivant intitulé sobrement " It was written".
Résolument plus pop, il s'éloigne de ce qui a fait le succès d'Illmatic comme le souligne déja la critique .
Il contient son lot de hit grand public " The Message" et " If i ruled the world " avec Lauryn hill.La plume elle, reste toujours présente. Elle le sera toujours. Nas entre donc au panthéon rapologique avec ces deux albums. Intéressant témoignage d'époque à ce sujet à visualiser ici
Tout a été dit sur ces deux albums et Internet fourmille d'articles de qualités à ce sujet. Seulement à mon sens, l'album qui illustre le mieux le personnage de Nasir Jones est Stillmatic. Deux albums après It was written.
Stillmatic est un tournant.
Sorti en 2001, il arrive après la traversée du desert de Nas entamée après la sortie de " I Am" et de "Nastradamus". Ces deux albums ont été des succès commerciaux (relatifs) et surtout des échecs artistiques. Suite à ces deux albums, la critique se fait plus virulente. Nas aurait cédé au sirène du " rap commercial" lui qui avec Illmatic était en quelque sorte considéré comme l'un des derniers gardiens du temple.
Sacrilège !
Après ces deux échecs, on croyait la carrière du bonhomme définitivement terminé.On pensait que Nas rejoindrait le club assez large des ex gloires du rap devenu has been. Demander à Rakim ce qu'il en pense. C'était sans compter sur l'aide involontaire de Jay-Z et ce Stillmatic.
Car dés l'intro, Nas fait taire les critiques. D'un bon quatrain en pleine gueule.
Aiyyo, the brother's "Stillmatic"
I crawled up out of that grave, wipin the dirt, cleanin my shirt
They thought I'd make another "Illmatic"
But it's always forward I'm movin
Never backwards stupid here's another classic
Voila qui donne le ton pour ce qui s'annonce être l'album de la revanche.L'album de l'explication pour un artiste que finalement certain n'auront jamais compris. Car cet album révèle toute les facettes de Nas. Celle d'un lyricist formidable et probablement un des meilleurs Mc's que New York ait enfanté. Mais également un MC au manque de leadership assez saissisant. Je m'appliquerai à démontrer cela au fur et à mesure que l'on épluchera cet album.
La piste suivant est la bombe Ether.
C'est le titre qui remet Nas dans le game. Si Nas est tout d'un coup sorti de son cimetière, c'est bien grâce à son beef avec Jay-Z pour la couronne de New-York.
Jay-Z est au sommet, la dynastie R.O.C a déja pris son envol.
Invonlontairement, Jay va remettre Nas dans le jeu en se proclamant King Of New York. S'ensuit un battle épique par disque interposé dont Nas sort gagnant(avis perso) grâce à ce titre juste explosif !
Détail assez surprenant, le producteur d'Ether n'est autre que Ron Brownz. Le même qui jouera de l'auto-tune avec Busta sur Arab Money et avec Jim Jones sur Pop Champagne. Comme quoi...
La piste suivante est l'excellent Got Ur Self A... produit par MghZ. Ce morceau devrait être le niveau standard où devrait évoluer un MC du niveau de Nas. Une bonne prod simple à souhait et Nas qui se lache dans un égo-trip bien senti.
My, first album had no famous guest appearances
The outcome: I'm crowned the best lyricist
Many years on this professional level
Why would you question who's better? The world is still mine
Tattoos real with "God's Son" across the belly
The boss of rap, you saw me in "Belly" with thoughts like that
To take it back to Africa, I did it with Biggie
Me and Tupac were soldiers of the same struggle
Les trois morceaux qui suivent illustrent à merveille ce que beaucoup considèrent comme le syndrome Nas. Des productions qui n'ont absolument rien d'extraordinaire mais portées par le talent de l'artiste au micro. Smokin' parle de l'un des thèmes de prédilection de Nas.
You're Da Man évoque sa période creuse avec un recul et un lyricisme certain et Rewind relate une histoire à l'envers à la façon d'un Christopher Nolan. Si le talent est là donc, les productions manquent cruellement d'imagination. Large Professor qui produit Rewind et You're Da man n'est plus le maitre qu'il était jadis et Nas à la production n'a jamais été une foudre de guerre.
Après ces moments creux, on arrive à la pierre angulaire de l'album. Le morceau assez génial que cache cet album sous estimé.
One Mic est un manifeste de grande valeur qui renvoit inévitablement au grand classique qu'est One Love présent sur Illmatic.
Ce morceau est intense, profond. On sent que Nas y livre une grande part de lui même et bien sur la qualité lyricale est toujours au rendez vous. mais jugez plutôt par vous même.
Viennent ensuite 2nd Childhood et Destroy & Rebuild.
2nd childhood reprend la fameuse combinaison magique.Entendez par là, Nas au Mic et Primo à la production.
Sans être flamboyant, cette combinaison est toujours efficace. Un peu comme le jeu de Tim Duncan au poste bas voyez vous. Et on la retrouve dans tous les albums de Nas jusqu'à ce Stillmatic. Immuable on vous dit!
Destroy & Rebuild est une scène de fusillade ou Nas règle ses comptes avec bon nombre de ces collégues du Queens.Prodigy, Cormega, Nature... Ils en prennent plus ou moins tous pour leur grade sur ce morceau. Beaucoup moins intense que Ether mais intéressant tout de même.
Partie 2 à venir ...
dimanche 19 septembre 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire