jeudi 30 décembre 2010

Age ain't nothin but a number

Si vous possèdez une télé ou une petite soeur, vous avez difficilement pu passer au travers du phénomène.Une sorte de bruit de fond qui s'abat sur vous avec plus de brusquerie qu'un CRS lors d'une manifestation anti CPE !Une désagréable sensation que le matraquage radiophonique et un marketing parfait a vite fait de faire disparaître et même de banaliser.Je veux bien sur parler de l'éclosion de la jeune Willow Smith.Pour ceux qui ne savent pas encore de quoi je parle, laissons parler la musique !



Il est impossible de regarder cette vidéo sans penser à un autre phénomène non identifié du même type bien plus avancé sur la route de la starisation à outrance: Justin Bieber.Second extrait



Pour ceux qui n'auraient pas encore fait le rapprochement,ces deux artistes ont donc pour points communs d'être extrêmement jeunes avec respectivement 10 et 16 ans.
Ils connaissent un succès d'estime très élevés auprès des adolescents. Cette partie incontestable du public de ces deux artistes est à coupler avec un second public qui lui se fait relativement plus discret.
On l'appellera "public honteux".
Ne voyez pas dans cette appelation un quelquonque mépris.On a tous fait parti un jour ou l'autre d'un public honteux. On a tous aimé en notre for interieur un artiste que l'on détruisait publiquement à coup de " Quoi, tu écoutes cette m**** ? " ou d'un "Pfff" dédaigneux au possible et faisant office d'argument suprême lors de débats musicaux de haut niveaux (sic).
On a usé de cette pratique parce qu'après tout on a une réputation musicale à défendre que diable!

Oui, nous avont tous un jour fait partie d'un public honteux et dire que Justin et Willow possèdent un public honteux assez élargie est un euphémisme.
Qu'est ce qui me permet d'affirmer cela ? Les chiffres de ventes pardis.
Et Dieu Billboard sait que pour les deux artistes précités, ces chiffres sont conséquents.
Ainsi, la jeune Willow Smith a grillé la politesse aux ultras vendeurs Black Eyed Peas au Royaume Uni avec son single posté plus haut.
L'ami Justin quand à lui a vendu plus que 50 cent et Norah Jones l'an dernier. On estime son score à 4 millions de galettes vendus, lui qui a également explosé le record de visionnage sur Youtube. Vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il faut un peu plus qu'une armée d'ados pour atteindre de tels chiffres.


Alors on pourrait critiquer très rapidement ces artistes et les affubler du sobriquet pratique d'artistes fabriqués de toutes pièces par une maison de disque avide de $$$.
On pourrait aussi parler de la décadence des "ados" écoutant ces artistes et qui là même légitiment ces artistes
On pourrait dire que la culture musicale se perd et que Oh mon Dieu décidement c'était mieux avant.
En bref, on pourrait avoir avec un peu d'avance un discours de vieux cons que l'on est en passse de devenir.

C'est vrai on pourrait.
Mais écoutons d'abord la musique avant d'emettre un quelquonque avis... Hein ? Ouais, non pas une bonne idée...
Alors pourquoi écrire ce billet si c'est pour ne pas parler musique.
Je vais vous le dire. En discutant un peu avec les soixante huitard en herbe,
on s'aperçoit qu'ils avancent les mêmes pauvres arguments que leurs ainés allant même jusqu'à reprocher l'age des artistes sunommés. Ou quand les jeunes cons parlent aux jeunes cons ! N'est ce pas touchant?

A y regarder, c'est vrai qu'on pourrait arguer beaucoup de chose quand à l'ascencion d'une Willow Smith.
D'abord le nom qui rappelle furieusement celui de Papa. Papa qui doit-on le rappeller à commencer par rapper au coté de Jazzy Jeff. Sans être un rappeur exceptionnel, il est l'auteur de quelques bons titres qui font encore bouger la tête des Hip Hop Headz aujourd'hui. D'aucun diront que Jazzy Jeff est grandement responsable du résultat final mais c'est un autre débat...




Le Fresh Prince comme on l'appellait alors n'était pas encore synonyme de série télevisée. Tout cela n'est venu qu'après. Pour le succès que l'on connait.
De film en film, Will Smith se taille une réputation de sex symbol qu'on est obligé de voir une fois par an pour combler ces dames. Peu importe son jeu d'acteur plus que minimaliste ou les scenarios de films souvent un peu léger. Le visionage d'un film de Will Smith est un rituel aussi immuable que la révision de la bagnole à la fin de l'année. C'est cher, c'est chiant mais ça te permet de rouler en sécurité avec Madame.

Mais revenons à nos moutons.
Il est évident que la petite Willow vit sur le parcours et la célebrité de son Papa. Cela est-il choquant pour autant ? Doit-on rappeller la liste des innombrables fils de à avoir essayer de capitaliser sur l'héritage familiale? Avec plus ou moins de succès d'ailleurs.

Reste l'argument de la création de toute pièce par une maison disque qui n'est rien d'autre que le remake de l'histoire de Frankenstein avec Island Record dans le rôle du savant fou.Un article intéressant à ce sujet
Il est vrai que repérer le talent de Justin via Youtube, lui faire signer un tel contrat si jeune, le placer sous le feu des projecteurs alors qu'il n'a même pas encore mué est juste scandaleux.
Cet enfant n'est qu'une pure machine à $$ destiné à nous pousser à la consommation et gaspiller nos derniers deniers en ces temps de crises.
En temps de guerre froide, on parlerait surement de propagande capitaliste avec l'avênement de ce Bieber.
Pauvre mome d'ailleurs qui manipulé par une méchante entreprise qui le fait travailler jour et nuit se voit ainsi privé des joies d'une adolescence normale.

Arrêtons l'ironie deux minutes pour démonter ces arguments qui à bien y regarder n'en sont pas vraiment.
Justin Bieber, une création de toute pièce par une maison disque ?
C'est une évidence mais quel artiste signé aujourd'hui n'est pas la création d'une maison de disque ? Qui peut croire au vue des sommes mis en jeux par ces mêmes maisons de disques que vendre un disque ne nécessite pas de plan marketing, d'opération de com' à outrance ?
En clair, le concept d'"artiste produit" n'est pas l'apanage des Bieber et autres Smith. Si cela dérange autant lorsqu'on évoque ces artistes, c'est uniquement parce le plan marketing est destiné à une autre cible que là notre, vieux cons que nous sommes et qui regardons se dévelloper le phénomène avec un regard condescendant.Voir cet article dont le ton illustre parfaitement mon propos

Reste la question de la starisation précoce. Comment plaindre un enfant/ado qui certes exerce un métier difficile et qui est sujet à une forte pression mais qui jouit du confort qui va avec ?
A relativer quand on connait les conditions de travails dégradantes et proprement scandaleuses de certains enfants dans certains pays du monde.
Et l'on se rend compte de l'indécence de certaines analyses...

Pour ceux qui cherchent absolument à détruire ces artistes en herbes, je suggère donc d'utiliser les bons arguments et le seul terrain qui mérite vraiment une analyse: La musique.
Si on cherche à émettre une vrai critique sur Justin Bieber, on s'aperçoit que sa musique est à l'image de ce que peut offrir le courant mainstream actuellement.
Ni plus ni moins. Tout d'abord la musique se veut propre et efficace.
Le mixage et le clip sont carrés, la prestation léchée même si cela ne respire pas forcément le génie il faut reconnaitre que les moyens mis en oeuvre sont bien utilisés.
Si potentiel commercial il y a, c'est surtout grâce à la simplicité de la musique.
Il faudrait un jour qu'on se décide à parler de l'importance du gimmick dans la réussite d'une chanson. [ Baby, Baby, Baby, Baby ....]
Autrement dit, ne cherchez pas chez Justin la profondeur psychologique d'un personnage de Dostoievsky. Vous vous feriez mal, mais la musique elle, se laisse écouter.
Cela pouvait-il donner autres choses quand on est entouré par L.A Reid et Usher qui sont loin d'être des peintres dans le domaine de la musique bankable?

Alors pourquoi ce dédain si la musique est aussi bonne/mauvaise qu'ailleurs ?
Difficile à dire. Surtout que si l'on veut bien regarder en arrière, on s'aperçoit que notre géneration a aussi eu son lot de bébé star. Et je ne parle pas de Jordi!
Doit-on rappeller que la très grande Aaliyah a sorti son premier album à l'age de 14 ans. Album qui s'appelait déja Age ain't nothin but a number.
Tiens donc... C'est notre titre !

Loin de trouver cet album scandaleux, on est même tenter de le considérer comme un classique. Pourtant on y trouve mêmes ingrédients.
Une gamine à peine sorti de l'enfance, relativement pistonné (nièce de Gladys Knight tout de même) et coaché par R Kelly en personne. Et là encore le succès est au rendez-vous.
Alors pourquoi une telle différence de traitement ?
Probablement parce que l'époque et l'atmosphère que dégage cet album le rende autrement plus mythique qu'un album commercial d'un Justin Bieber.
Pour résumer, la musique est toujours le témoin d'une époque. L'album d'Aaliyah pue la new jack à plein nez. Une sorte de rn'b fortement inspiré du hip hop qui à l'époque ne se posait aucune question quand à son éventuel intégrité.C'était neuf, c'était frais et cela sonnait bien.
Il suffit d'écouter I'm Down with the clique pour être transporter à cette époque magique.





Bieber s'inscrit lui comme j'ai essayé de le montrer plus haut dans de la musique commercial des années 2000. Il ne révolutionne rien et n'ambitionne rien à ce sujet.


Puis il y a ce que j'appelerai maladroitement l'atmophère génerale.
Le scandale d'abord. La rumeur de mariage entre R. Kelly et Aaliyah, les scoops de Vogue bref cet album regorge d'anecdotes et c'est ce qui lui confère ce statut d'albums classique. Les grands albums se nourrisent de ce genre d'histoire.
Et bien entendu, la dimension tragique avec la disparation d'Aaliyah renforce encore ce sentiment. On le sait sans qu'on puisse vraiment expliquer pourquoi, la valeur d'un artiste augmente toujours en cas de décès prématuré. Le Hip Hop ne fait pas exception avec 2pac et autre Biggie Smalls.

Ainsi Aalyah rentre dans la légende avec un grand L quand Justin Bieber restera vraisemblablement un épihénomène. Le mot vraisemblablement est de rigueur puisqu'on ne sait jamais ce que l'histoire nous reserve...

samedi 25 décembre 2010

Retour vers le futur : The Detroit Experiment !



Chroniquer un disque qui date de 2003 peut paraître inutile. Aujourd'hui la tendance privilégie l'exclusivité alors à moins d'un classique, il est inutile de chroniquer un disque aussi vieux. Pourtant le disque que je propose aujourd'hui n'a rien d'un classique. C'est juste la rencontre innatendue de plusieurs genres musicaux.

C'est là tout le concept de la série Experiment.
Provoquer un choc des cultures autour des grandes villes qui ont marqué l'histoire de la musique américaine. Après un premier volet baptisé Philadephia Experiment réunissant ?uestlove,Uri Cain et Christian Mc Bride sorti en 2002,le deuxième volet se concentre sur la ville de Detroit et a été confié au soin de Carl Craig qui officie donc en tant que producteur éxecutif.

On le sait Detroit est une ville qui compte sur la carte de la musique américaine. Le nombre de talent qui ont vu le jour du coté du Michigan est assez ahurissant. Ainsi sur ce disque, on trouve la présence de bon nombre de musicien de renom.
Nous avons donc Carl Craig, célèbre musicien et DJ, hérault de la scène techno/electro de Détroit.
On y trouve également deux musiciens qu'on a l'habitude de trouver dans les bons coups des albums Hip Hop/nu soul. Kareem Riggins, batteur de son état et le(trop rare) multi-instrumentiste et chanteur/rappeur Amp Fiddler

Pour le côté jazz, on retrouve celui que l'on peut considérer comme le parrain de la scène de Detroit en la présence de Marcus Belgrave. La plupart des artistes cités précedement ont été adoubés par ce trompettiste qui a collaboré avec les plus grands. On retrouve également la pianiste Geri Allen et la violaniste Regina Carter.




Du bon monde donc et un éclectisme revendiqué qui sont autant de signe annonciateur d'un bon disque. Et ça ne loupe pas. Dés le premier morceau, on découvre avec délectation ce jazz trituré de toutes part.
Oh, rien d'innovant que l'on n'est pas déja écouté ailleurs pour peu que l'on s'interesse au genre. Mais la réunion de tant de talents fait que ce morceau est d'un très bon niveau.
On se pose, on ferme les yeux et on écoute. Ce disque est un voyage et ce morceau est la passerelle qui nous permet d'acceder au vaisseau qui nous arrachera de notre existence terrestre pendant 50 minutes.
C'est pas pour rien que le titre du morceau en question est Space odyssey.


Vient ensuite le turbulent Think Twice.
Reprise du standard de Donald Byrd arrangé à la sauce Carl Craig. C'est la première fois dans ma courte existence d'amateur de musique dépendant aux expressions musicales préfabriquée que j'entend le terme de techno-jazz. Le terme n'existe pas mais il faudrait carrément l'inventer pour ce morceau qui n'est rien d'autre que la recontre du jazz et de la techno lancée à 130km/H sur une route verglacée de Moselle. Une rencontre atomique, le tout validé par la trompette de Marcus Belgrave.





La suite est plus ou moins du même tonneau.
Sans vouloir vous détruire le plaisir de l'écoute, je citerai quand même le troublant There is a god porté par la superbe interpretation au violon de Regina Carter. Le jeu de la violonniste est empreint d'une émotion communicative qui rend ce morceau inoubliable.

Ma petite déception vient du morceau le plus hip hop de l'album où j'ai le plaisir de retrouver une de mes MC favorites, la toujours très engagée Invincible.Déception du fan qui s'attendait à trouver l'artiste se donnant à fond et magnifié par la présence de grand musicien à ces cotés. Ce n'est pas le cas ici où l'on sent juste une volonté de poser sa voix et de remplir le morceau plutôt que de le sublimer.Dommage.

Déception qui n'atténue en rien la qualité de l'album qui juste parfait pour introduire des genres comme le Jazz ou l'élecro à un public non initié. Parce que ces genres trainent parfois derrière eux une réputation élisite, il convient de trouver des oeuvres permettant de démocratiser la musique. The experiment rentre parfaitement dans cette case. Pour notre plus grand bonheur.

Tracklist

1 Space Odyssey - Amp Fiddler
2 Think Twice - Jeremy Ellis - Allan Barnes
3 Revelation Allan Barnes - Bennie Maupin - Amp Fiddler - Regina Carter
4 Baby Needs New Shoes - Perry Hughes
5 There Is A God - Regina Carter
6 Church Aaron Levinson - Amp Fiddler - Karriem Riggins
7 Enterluud
8 Vernors - Bennie Maupin - Perry Hughes
9 Too High - Amp Fiddler
10 Highest
11 Midnight At The Twenty Grand - Amp Fiddler- llan Barnes
12 A Taste Of Tribe
13 The Way We Make Music Amp Fiddler - Kariem Riggins Invincible- Athletic Mic League
14 Revelation Reprise

mardi 7 décembre 2010

I Miss This Joint ! [mais je vous le file quand même]

It's been a long time comme dirait Rakim...
De l'eau et de nombreux albums ont coulé sous les ponts depuis le dernier article sur Nasty Nas.

Alors après cette longue période d'inactivité, on se remet lentement en marche. Pour preuve, cet album que l'on m'a fait découvrir (Thx A2) il y a peu et qui est juste parfait pour passer ces longues soirées d'hiver qui s'annonce. Parfait également pour pouvoir jouer l'érudit au moment d'élaborer votre playlist du nouvel an. On aime bien ça par ici.

Donc laissez moi vous présenter rapidement Electric Wire Hustle.
Si vous êtes un fan de Common, ce nom devrait tilter dans votre esprit. Pour ceux à qui cela ne parle pas, Electric Wire Hustle est un morceau tirée du remarquable Electric Circus considéré par beaucoup comme l'album le plus aboutie de l'ex de Badu.




Ce groupe néo-zélandais rend donc ici un vibrant hommage au MC de Chicago. Et ils le font plutôt bien les bougres. Ils distillent une soul parfaitement maitrisée avec des beats hantés par la présence de Dilla ( tiens, encore une chose que l'on kiffe).
Ajouter à cela, la présence de Georgia Ann Muldrow qui à l'habitude de s'afficher que sur les bons albums et on obtient un petit très bon album.
Comme on est pas rapiat, on add la cover et aussi un extrait Tutube histoire de définitivement vous convaincre.Et de dire que Bordel Inc is back...



Zayyad