mercredi 27 juin 2012

Hip Hop contestataire : Pour que mon ami cesse de dire des bétises


Petite article rapide mais pourtant très instructif de ce qu’est le Hip Hop. Contrairement à notre ami qui dit écouter les textes, je DEMONTRE par A+B que le hip hop n’est pas une musique contestataire.Voilà la définition que donne le Larousse du mot contestataire :

« Action de remettre en cause l'ordre social, politique, économique établi et de critiquer systématiquement les institutions existantes et l'idéologie dominante. “


Répondre à la question qui nous oppose revient donc à déterminer si le Hip Hop a été/ est toujours une contre-culture qui va à l’encontre de cette ordre social et culturel dominant. Ma réponse est que le Hip Hop n’est pas une contre-culture et ne l’a jamais été sauf pendant un très court momentum que je délimiterai.

Le Hip Hop, pour le meilleur et pour le pire, est une musique universelle. Partout sur le globe, le Hip Hop a crée des valeurs communes, un style vestimentaire et des références communes pour plusieurs générations. Cela n’a pas débouche sur une veritable communeauté Hip Hop mais ces codes communs existent malgré tout et ont crée des liens plus ou mois fort.

Cependant, le Hip Hop a aussi exporté une mentalité proprement capitaliste dans sa façon d’aborder les choses. Etre le meilleur, gagner de l’argent, écraser quiquonque se dresse sur son chemin sont des principes individualistes et totalement capitalistes. Exhiber des caisses, des femmes à poils comme le font bon nombre de Mc’s mainstream sont révélateur d’un capitalisme debride.
En cela, le hip hop a été la meilleure vitrine d’un monde occidental opulent et impose cette vision du monde. Loin de la combattre, elle l’exporte dans le monde entier. Le hip hop est ainsi l’illustration parfaite de la théorie de Gramsi sur l’hégémonie culturelle

Un article qui aborde le lien Hip Hop & capitalisme avec un début de chronologie: http://www.prospectmagazine.co.uk/magazine/hip-hop-bling-capitalism-business/

Alors pourquoi on s’entête à présenter le hip hop comme une musique contestaire ?

- C’est une question de contrôle par le système tout d’abord.  Je te renvois là encoreau travaux de Gramsci sur la question.


Gramsci affirme que, sous le capitalisme moderne, la bourgeoisie peut maintenir son contrôle économique en laissant la société politique accorder un certain nombre de revendications aux syndicats et aux partis politiques de masse » cf Wiki de Gramsci


Une fois que tu t’insères dans le système, tu ne peux prétendre le contester. Tu en fais partie. On ne fait pas une révolution de l’interieur. C’est ce qui est arrive au Hip Hop (surtout au rap en fait) à la fin des années 80. Jay-Z, la superstar du rap actuel éprouve lui même le besoin de ce justifier sur cet état de fait complètement contradictoire du rappeur multimillionnaire. 

Music business hate me cause the industry ain't make me
Hustlers and boosters embrace me and the music I be makin
I dumbed down for my audience to double my dollars
They criticized me for it yet they all yell "HOLLA!"
If skills sold, truth be told, I'd probably be
lyrically, Talib Kweli
Truthfully I wanna rhyme like Common Sense
But I did five mill' - I ain't been rhymin like Common since
When your cents got that much in common
And you been hustlin since, your inception
Fuck perception go with what makes sense
Since I know what I'm up against
We as rappers must decide what's most impor-tant
And I can't help the poor if I'm one of them
So I got rich and gave back, to me that's the win/win
So next time you see the homey and his rims spin
Just know my mind is workin just like them...
... rims, that is

Moment of Clarity, The Black Album




L’autre point essentiel, c’est que les gens qui parlent de cette musique comme contestataire ne font absolument pas parti de ce mouvement. Pour ceux qui le suivent, de près ou de loin, le hip hop est mort. On entend par là dans sa forme originelle, période début 90 qui est l’age d’or du rap. L’époque où tout semblait encore possible pour un style qui arrivait à maturité. Ceux qui parle du rap comme d’une poésie urbaine, d’une énergie revendicatrice et je ne sais quel autre adjectif pompeux sont déconnectés. Je pense ici au politique qui a besoin de flatter un électorat fragile


Pour d’autres,  c’est beaucoup moins évident. Le rap est contestataire parce qu’ils voudraient qu’il en soit ainsi. C’est une lubie de bobo qui veut voir «  le peuple noir se lever et renverser le système »… Presque une caricature. Alors certes cela vient d’un bon sentiment (et d’un brin de romantisme) de la part de gens relativement instruit mais c’est aussi la preuve d’une certaine condescendance.
Parce que ces gens sont pauvres, peu instruits et littéralement acculés par le système, on n’attend d’eux une colère sourde, violente désorganisée… là ou la vrai contestation supposerait de l’organisation, un but commun. C’est là encore une énième domination pour ces gens d’être ainsi méprisée de la sorte.
  


On était bien loin de tout ça quand tout à commencer. Dans les années 60, le rap n’était encore que de la poésie extrêmement corrosive portée par des mecs comme Amari Bakara ou Gil Scott Heron. Ces gens ont vécu la ségrégation et avaient une “conscience noire” qui aboutissait à de véritables appels à la contestation comme ça …




Fin 70, le hip hop a émerge comme une musique à part entière mais le mot d’ordre c’est Peace, Unity and Havin’ fun. Premier single de rap ever, Rapper’s Delight symbolise bien l’époque. On trouve aussi des morceaux comme ça : 


 Le texte qui va tout changer, c’est The Message de Grand Master Flash. L’historique du morceau en question ici : http://lhistgeobox.blogspot.fr/2008/09/94-grandmaster-flash-furious-five.html

Pendant près de 10 ans, le rap va se constituer une vraie conscience politique. Ce sera l’âge béni du rap ou vont se méler innovation musicale et revendication social avec des groupes comme Public Enemy ou les Natives Tongues . Ces groupes vont réveiller la conscience noire et redonner de la fierté et un début d’organisation à un peuple noir qui en manque cruellement. Le classique I Used To Love Her raconte bien toute l’histoire


Tout cela partira en fumée avec l’émergence d’un gangsta rap plus vendeur (déterminé par les Majors pour des raisons que j’ai énoncé plus haut) et qui servira désormais de standard à la musique Hip Hop.
Parce que de tout temps, le rap et ces acteurs ont eu conscience de s’être fait dépossédé de leur art. Une chanson qui récapitule bien le sentiment globale des acteurs de ce mouvement


Alors l’idée n’est pas de dire que le rap n’est absolument pas contestaire. Seulement cette frange du rap est très minoritaire et connu de quelques initiées.
Des mecs comme Dead Prez sont quasiment des Néo- Anarchistes. Il faut écouter Let’s get free or die tryin’ pour comprendre cela.


Des types comme Immortal Techniques et Lowkey en plus d’être de très bon rappeurs sont de vrais activistes. On peut être d’accord ou pas


Idem pour Invicible, une des meilleurs female Mc’s qui soit à mes oreilles :




Zayyad



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