Petite article rapide mais pourtant très instructif de ce
qu’est le Hip Hop. Contrairement à notre ami qui dit écouter les textes, je
DEMONTRE par A+B que le hip hop n’est pas une musique contestataire.Voilà la
définition que donne le Larousse du mot contestataire :
« Action de remettre en cause l'ordre social,
politique, économique établi et de critiquer systématiquement les institutions
existantes et l'idéologie dominante. “
Répondre à la question qui
nous oppose revient donc à déterminer si le Hip Hop a été/ est toujours une
contre-culture qui va à l’encontre de cette ordre social et culturel dominant.
Ma réponse est que le Hip Hop n’est pas une contre-culture et ne l’a jamais été
sauf pendant un très court momentum que je délimiterai.
Le Hip Hop, pour le
meilleur et pour le pire, est une musique universelle. Partout sur le globe, le
Hip Hop a crée des valeurs communes, un style vestimentaire et des références
communes pour plusieurs générations. Cela n’a pas débouche sur une veritable
communeauté Hip Hop mais ces codes communs existent malgré tout et ont crée des
liens plus ou mois fort.
Cependant, le Hip Hop a
aussi exporté une mentalité proprement capitaliste dans sa façon d’aborder les
choses. Etre le meilleur, gagner de l’argent, écraser quiquonque se dresse sur
son chemin sont des principes individualistes et totalement capitalistes.
Exhiber des caisses, des femmes à poils comme le font bon nombre de Mc’s
mainstream sont révélateur d’un capitalisme debride.
En cela, le hip hop a été
la meilleure vitrine d’un monde occidental opulent et impose cette vision du
monde. Loin de la combattre, elle l’exporte dans le monde entier. Le hip hop
est ainsi l’illustration parfaite de la théorie de Gramsi sur l’hégémonie
culturelle
Alors pourquoi on s’entête
à présenter le hip hop comme une musique contestaire ?
- C’est une question de
contrôle par le système tout d’abord. Je te renvois là encoreau travaux
de Gramsci sur la question.
Gramsci affirme que, sous le capitalisme moderne, la bourgeoisie
peut maintenir son contrôle économique en laissant la société politique
accorder un certain nombre de revendications aux syndicats et aux partis
politiques de masse » cf Wiki de Gramsci
Une fois que tu t’insères
dans le système, tu ne peux prétendre le contester. Tu en fais partie. On ne
fait pas une révolution de l’interieur. C’est ce qui est arrive au Hip Hop (surtout au rap en fait) à la fin des
années 80. Jay-Z, la superstar du rap actuel éprouve lui même le besoin de ce justifier sur cet état de fait complètement contradictoire du rappeur multimillionnaire.
Music business hate me cause the industry ain't make me
Hustlers and boosters embrace me and the music I be makin
I dumbed down for my audience to double my dollars
They criticized me for it yet they all yell "HOLLA!"
If skills sold, truth be told, I'd probably be
lyrically, Talib Kweli
Truthfully I wanna rhyme like Common Sense
But I did five mill' - I ain't been rhymin like Common since
When your cents got that much in common
And you been hustlin since, your inception
Fuck perception go with what makes sense
Since I know what I'm up against
We as rappers must decide what's most impor-tant
And I can't help the poor if I'm one of them
So I got rich and gave back, to me that's the win/win
So next time you see the homey and his rims spin
Just know my mind is workin just like them...
... rims, that is
Moment of Clarity, The Black Album
L’autre point essentiel,
c’est que les gens qui parlent de cette musique comme contestataire ne font
absolument pas parti de ce mouvement. Pour ceux qui le suivent, de près ou de
loin, le hip hop est mort. On entend par là dans sa forme originelle, période
début 90 qui est l’age d’or du rap. L’époque où tout semblait encore possible
pour un style qui arrivait à maturité. Ceux
qui parle du rap comme d’une poésie urbaine, d’une énergie revendicatrice et je
ne sais quel autre adjectif pompeux sont déconnectés. Je pense ici au politique qui a besoin de flatter un
électorat fragile
Pour d’autres, c’est
beaucoup moins évident. Le rap est contestataire parce qu’ils voudraient qu’il
en soit ainsi. C’est une lubie de bobo qui veut voir « le peuple noir se
lever et renverser le système »… Presque une caricature. Alors certes cela
vient d’un bon sentiment (et d’un brin de romantisme) de la part de gens
relativement instruit mais c’est aussi la preuve d’une certaine condescendance.
Parce que ces gens sont pauvres, peu instruits et littéralement acculés par le système,
on n’attend d’eux une colère sourde, violente désorganisée… là ou la vrai
contestation supposerait de l’organisation, un but commun. C’est là encore une énième
domination pour ces gens d’être ainsi méprisée de la sorte.
On était bien loin
de tout ça quand tout à commencer. Dans les années 60, le rap n’était encore
que de la poésie extrêmement corrosive portée par des mecs comme Amari Bakara
ou Gil Scott Heron. Ces gens ont vécu la ségrégation et avaient une “conscience
noire” qui aboutissait à de véritables appels à la contestation comme ça …
Fin 70, le hip hop a émerge
comme une musique à part entière mais le mot d’ordre c’est Peace, Unity and
Havin’ fun. Premier single de rap ever,
Rapper’s Delight symbolise bien l’époque. On trouve aussi des morceaux comme ça :
Pendant près de 10 ans, le
rap va se constituer une vraie conscience politique. Ce sera l’âge béni du rap
ou vont se méler innovation musicale et revendication social avec des groupes
comme Public Enemy ou les Natives Tongues . Ces groupes vont réveiller la
conscience noire et redonner de la fierté et un début d’organisation à un
peuple noir qui en manque cruellement. Le classique I Used To Love Her
raconte bien toute l’histoire
Tout cela partira en fumée
avec l’émergence d’un gangsta rap plus vendeur (déterminé par les Majors pour
des raisons que j’ai énoncé plus haut) et qui servira désormais de standard à
la musique Hip Hop.
Parce que de tout temps,
le rap et ces acteurs ont eu conscience de s’être fait dépossédé de leur art.
Une chanson qui récapitule bien le sentiment globale des acteurs de ce
mouvement
Alors l’idée n’est pas de dire que le rap n’est
absolument pas contestaire. Seulement cette frange du rap est très minoritaire
et connu de quelques initiées.
Des mecs comme Dead Prez sont quasiment des Néo-
Anarchistes. Il faut écouter Let’s get free or die tryin’ pour comprendre cela.
Des types comme Immortal Techniques et Lowkey en plus d’être
de très bon rappeurs sont de vrais activistes. On peut être d’accord ou pas
Idem pour Invicible, une des meilleurs female Mc’s qui
soit à mes oreilles :
Zayyad